15 novembre 1884 – 15 novembre 2004 : Il y a 120 ans débutait la Conférence de Berlin. Cette conférence qui aurait été à la source de la balkanisation de l’Afrique. Cet anniversaire revêt une signification toute particulière dans une Allemagne qui entreprend de réfléchir, rattrapée par le centenaire du massacre des Hereros, sur son maigre passé colonial. L’Allemagne s’interroge. Et nous ? Qu’est-ce que Berlin a changé pour nous ?
15 novembre 1884 – 15 novembre 2004 : Il y a 120 ans débutait la Conférence de Berlin. Cette conférence qui aurait été à la source de la balkanisation de l’Afrique. Cet anniversaire revêt une signification toute particulière dans une Allemagne qui entreprend de réfléchir, rattrapée par le centenaire du massacre des Hereros, sur son maigre passé colonial. L’Allemagne s’interroge. Et nous ? Qu’est-ce que Berlin a changé pour nous ? On a souvent dit de cette conférence que les puissances colonisatrices se sont partagées l’Afrique comme un gâteau en édifiant des frontières artificielles. Certes, mais le raccourci est trop rapide.
Il est vrai que la Conférence de Berlin, convoquée à l’initiative du Chancelier prusse, Otto von Bismarck, a pour but d’établir « les règles de l’exercice de l’impérialisme européen sur le continent africain ». Il n’est pas question pour les Européens de se quereller. Et de montrer ainsi leurs faiblesses devant des populations sur lesquelles ils espèrent, dans un avenir proche, exercer une autorité politique. Berlin 1884 édicte donc les règles que devront respecter les puissances impérialistes pour assouvir leur quête de ressources brutes : matières premières et main d’oeuvre. Et effectivement se partager le Continent. Cette rencontre internationale marque, entre autres, le début de la ruée vers les protectorats. Un moyen d’établir sa sphère d’influence et de le faire savoir aux autres.
C’est ainsi que la France exercera une influence sur l’Afrique de l’Ouest avec des poches anglophones, la Gambie, ou encore lusophones, la Guinée Equatoriale. Voilà pour les aberrations territoriales. Mais, pourtant, les pères de l’indépendance ne reviendront pas sur ces tracés en dépit de quelques velléités dans ce sens auxquelles invite, par exemple, le panafricanisme prôné par Kwame N’krumah. Cela d’autant plus que les populations ont, sous l’influence de la puissance colonisatrice, fini par intégrer cette notion d’appartenance à un territoire. Cela voudrait-il dire que ces frontières ne sont peut-être pas si incongrues ? Même si c’était le cas, personne n’a rien fait pour changer la donne.
Eh…Oui ! 120 ans après, l’Afrique reste figée. Les pays africains sont toujours encore à fournir des matières premières à l’Occident. Des cultures qui datent de la colonisation. Cacao au Ghana, arachide au Sénégal, huile de palme au Bénin… Beaucoup estiment que pour la Côte d’Ivoire, la France reste, à tort ou à raison, la plus qualifiée pour gérer la situation. Et tout ceci date de la conférence de Berlin. Les Européens se sont peut-être partagés notre Continent, mais qu’avons nous fait pour nous le réapproprier ?
Cent vingt ans après, les raisons majeures qui sont à l’origine de cette rencontre berlinoise restent valables. Nous sommes toujours une source d’approvisionnement et un territoire où s’exerce encore l’influence des colons d’antan. Ils n’ont d’ailleurs plus besoin de se battre entre eux, nous le faisons si bien nous-mêmes par procuration (durant la guerre froide par exemple)… Tout ceci, bien sur, nous l’admettons difficilement. Le proverbe dit : Qui n’avance pas, recule. Pourrait-on trouver meilleure illustration que la situation du continent africain. Plus de 40 ans après les indépendances, nous en sommes toujours au même point. A force de rester figée, l’Afrique va finir par imploser. Réveillons-nous avant qu’il ne soit trop tard. Et sans prince charmant. Ça n’arrive que dans les contes de fées…