Les artistes angolais débarquent dans l’Hexagone avec « 100% Angola ». Cette manifestation est organisée du 9 au 14 novembre 2006 par le réseau des Alliances françaises en Angola, en partenariat avec celle de Paris. Objectif : faire découvrir aux Français un petit aperçu de la culture angolaise avec des ambassadeurs de choix. Le directeur de l’Alliance française de Luanda, Jean-Luc Orsoni, revient sur l’évènement pour Afrik.
L’Angola compte quatre Alliances françaises : celles de Benguela, de Cabinda, de Luanda et de Lubango. L’Alliance française de Luanda, qui est reconnue comme une association angolaise depuis 1991, existe pour sa part depuis 1961. En dépit des différentes guerres qu’ont connues le pays, elle n’a cessé de poursuivre ses activités de centre d’apprentissage du français, à l’instar de toutes les Alliances françaises. Outre les cours de langue (français et langues nationales), elle organise des évènements culturels. Il existe 1062 Alliances françaises, des associations nationales, réparties dans le monde.
Afrik.com : Comment est né le concept de « 100% Angola » ?
Jean-Luc Orsoni : Cette manifestation s’inscrit dans le cadre du programme « Alliances en Résonances ». L’une de nos missions en tant qu’Alliance française est de promouvoir la culture du pays dans lequel nous sommes implantés. Les quatre Alliances françaises présentes en Angola se sont donc associées à l’Alliance française de Paris pour promouvoir en France des artistes angolais, déjà reconnus dans leur pays.
Afrik.com : La scène française constituerait donc une sorte de tremplin pour ces artistes ?
Jean-Luc Orsoni : L’Angola souffre de plusieurs enfermements. Le premier est lié à 40 ans de guerre : guerre d’indépendance et guerre civile. Le second est lié au fait que l’Angola soit un pays lusophone. Les artistes angolais ont, par conséquent beaucoup de mal à s’exporter. La France, mieux que le Portugal, peut les y aider. Cesaria Evora, artiste lusophone également, s’est fait connaître sur la scène internationale par le biais de la France. Le seul artiste angolais qui soit connu dans l’Hexagone est Bonga, notamment parce qu’il vit en France. Avant la Coupe du monde, je me demande bien si les gens parvenaient à situer l’Angola sur une carte. Pour accompagner l’évènement et parce qu’on ne trouve pas de disques angolais en France, quatre compilations musicales sont maintenant disponibles.
Afrik.com : Quels sont les artistes que « 100% Angola » va nous permettre de découvrir ?
Jean-Luc Orsoni : Dans le domaine musical, le public français aura la chance de découvrir Paolo Florès, pape de la semba, l’ancêtre de la samba. Ce musicien est une icône de la chanson angolaise, tout comme Dog Murras, qui est l’idole des jeunes. Il remplit des stades dans son pays. Les Français auront également l’opportunité d’apprécier le Kuduro que leur proposera, entre autres, Manya et le Sound system de Frédéric Galliano. Le Kuduro est un mélange de house et de musique de carnaval dont le rythme a été accéléré. Cette musique est née, il y a une dizaine d’années, et se diffuse dans les transports en communs angolais. Lulendo, que l’on surnomme le poète du métissage sera également de la partie. C’est un artiste angolais qui vit à Paris. Côté littérature, ils auront l’occasion de rencontrer Pepetela, un auteur phare de la littérature en Angola et qui a une vision très juste de la société angolaise. Son dernier ouvrage Jaime Bunda, agent secret (paru aux éditions Buchet-Chastel, ndlr), donne une image assez précise de Luanda, la capitale angolaise. Le Septième Art sera quant à lui dignement représenté par la cinéaste Maria Joao Ganga. Na Cidade Vazia, le premier film angolais d’après guerre, a rencontré un énorme succès populaire à sa sortie en 2004. D’autant plus étonnant que les gens n’allaient plus au cinéma. Pendant trois semaines, les salles n’ont pas désempli parce que les Angolais se sont véritablement reconnus dans ce film. Enfin, Antonio Olé qui est un artiste multi–facette sera également présent. Plasticien, photographe et cinéaste, c’est un Monsieur très important de l’art contemporain africain. Il a d’ailleurs participé à l’exposition Africa Remix.
Afrik.com : Comment se porte le français en Angola ?
Jean-Luc Orsoni : Il se porte bien. Le réseau des Alliances françaises constitue la plus important centre de langue du pays. Le Français n’est plus enseigné systématiquement dans les écoles, comme auparavant, mais il y a une grande sympathie pour la langue. C’est l’une des plus parlées dans le pays, notamment par les personnes âgées qui l’ont appris durant leur cursus scolaire. Beaucoup de cadres angolais ont également fait leurs études en France.
Afrik.com : Un dernier mot pour convaincre le public hexagonal de faire le déplacement ?
Jean-Luc Orsoni : Je l’ invite tout simplement à venir découvrir de l’inédit.