Pour la troisième année consécutive, associations et personnalités se sont associées pour célébrer ensemble les abolitions de la traite et de l’esclavage le 10 mai en France. Une commémoration placée cette année sous le signe de la lutte contre la discrimination raciale. A Paris, la Marche des Libertés partira samedi de la place de la République à celle de la Bastille à partir de 14h.
La communauté afro-antillaise se donne rendez-vous le 10 mai 2008 en France pour la commémoration de l’abolition de l’esclavage et de la traite. Génération Consciente et le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) organisent samedi « La Marche des Libertés ». La question de l’itinéraire a fait débat mais les associations se sont finalement mises d’accord sur un trajet ralliant la place de la République à celle de la Bastille.
Une date « choisie par la République française comme journée officielle du souvenir de l’esclavage », explique Claudy Siar, directeur général de Tropiques FM et président de Génération consciente. « C’est le 10 Mai 1802 que Louis Delgrés appela au soulèvement de la population de la Guadeloupe contre le rétablissement de l’esclavage et fit placarder sur les murs de Basse-Terre un manifeste au nom de la fraternité universelle. C’est aussi le 10 mai 2001 que le sénat a définitivement adopté la loi dite Taubira, dont l’article premier a une portée historique puisqu’il définit pour la première fois officiellement la traite des Noirs et l’esclavage comme un crime contre l’humanité ».
La France doit se mobiliser
Au-delà du souvenir et de l’hommage rendu aux descendants d’esclaves, le 10 mai est placé cette année sous le signe de la lutte contre les discriminations. Pour M. Siar, l’esclavage existe encore dans la société française sous la « forme de la discrimination raciale, de la discrimination à l’embauche, au logement et bien d’autres formes de rejet de l’autre ».
« Nous avons un passé commun avec les Français et les Européens. Il est important que le citoyen se sente concerné et se recueille », affirme Alain Bidjeck, président de l’association Orig’in. « Soyons cent mille et bien plus, à rappeler le crime de l’esclavage et à poser le problème des discriminations faites aux femmes, aux hommes et aux enfants dans notre pays », exhorte pour sa part M. Siar dans son appel à la marche. « Quelque soit la couleur de la peau, le sexe, la religion des personnes que l’on discrimine, nous nous devons d’être là, prêt à refuser toute forme d’injustice ».
Le 10 mai en musique avec Africaphonie
L’association Orig’in organise également samedi la seconde édition du festival Africaphonie au Cabaret Sauvage. Deux ans auparavant, le concert du CRAN avait été annulé sous la pression de nombreuses associations qui souhaitaient garder le côté « solennel » de la commémoration. « On ne peut pas se limiter à une manifestation solennelle », note M. Bidjeck. « Il existe plusieurs façons de s’exprimer. Le travail de mémoire à travers la culture est très important. Les artistes et leurs témoignages ont aussi leur rôle à jouer et une célébration culturelle du 10 mai est un bon moyen de se libérer de la douleur ».
Conforté par le succès du festival en 2007, M. Bidjeck a décidé de renouveler l’expérience. « Ce repère symbolique permet de rassembler et de générer des initiatives culturelles, économiques et sociales (…) une manifestation culturelle créée pour célébrer l’histoire et la richesse de ces cultures dont l’origine est l’Afrique », indique le président de l’association. Documentaires, courts métrage et compilations, autant de supports qui seront mis à la disposition du grand public pour donner un regard contemporain au sujet et « apporter un volet plus informatif et pédagogique » sur cette histoire. Des manifestations sont également organisées à Lyon, Marseille ou encore Nantes.
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