Quatre journalistes français de « Libération », « TF1 », « L’Express » et « Le Point » auraient été payés par la monarchie marocaine, à plusieurs reprises. L’objectif pour Rabat était que ces médias diffusent, en France, la position officielle sur la question du Sahara occidental. L’information a été diffusée notamment sur Twitter par un mystérieux compte, @chris_coleman24.
Depuis le mois d’octobre dernier, un twitteur marocain, « Chris Coleman », diffuse des informations compromettantes sur un système de corruption au sein de la monarchie au Maroc. Le pouvoir aurait rémunéré quatre journalistes français travaillant à Libération, TF1, L’Express et Le Point. L’information est relayée par orientxxi.info.
La question du Sahara occidental
Il s’agirait d’une ancienne rédactrice en chef adjointe au service international à L’Express, Dominique Lagarde; d’une ancienne journaliste à Libération, José Garçon; d’une ancienne rédactrice en chef au Point, toujours éditorialiste, Mireille Duteil. Elles étaient spécialisées dans la couverture du Maghreb. Un éditorialiste sur la politique étrangère à TF1 et LCI, présentateur d’une émission quotidienne, serait aussi concerné, Vincent Hervouët. |
Des centaines de documents ont été diffusés par le hackeur « Chris Coleman », dont la véracité des informations n’a été que partiellement confirmée par un journaliste spécialisé d’internet sur le site Arrêt sur Image, Jean-Marc Manach.
Les journalistes français auraient été encouragés à défendre la position de la monarchie contre la lutte que mène le Front Polisario au Sahara occidental. L’organisation sahraouie milite pour l’indépendance de cette ancienne colonie espagnole, depuis 1975.
Plusieurs milliers d’euros perçus
Les quatre français incriminés ont nié avoir touché de l’argent. « Je ne connais pas un journaliste qui écrirait gratuitement pendant des années et pour un journal que personne ne lit ! Je n’ai pas l’ombre d’un doute sur le fait qu’ils ont été payés », a indiqué un ancien journaliste au Monde, spécialisé sur le Maghreb.
Ce système de corruption aurait été organisé notamment par le directeur de la rédaction de L’Observateur du Maroc, en lien avec les services de renseignements marocains : les journalistes étaient grassement payés pour la rédaction d’éditoriaux dans le quotidien.
José Garçon, Mireille Duteil, et Vincent Hervouët ont la particularité d’avoir publié chacun entre 22 et 26 chroniques, rien qu’entre janvier et octobre 2014, en s’abstenant à chaque fois d’évoquer la situation intérieure marocaine.