La dernière journée des débats au procès de Pascal Simbikangwa a lieu ce vendredi. La cour a auditionné de nombreux témoins qui n’ont pas pu toujours éclairer des événements qui se sont passé il y a maintenant 20 ans. Ce jeudi, l’avocat général a demandé la « requalification » des poursuites en voulant l’accuser de « crime de génocide » et non plus de « complicité de génocide ».
Ce vendredi, les débats au procès de l’ancien capitaine de la garde républicaine Pascal Simbikangwa, s’achève à la cour d’assise de Paris. Il est inculpé pour sa participation présumée au génocide rwandais de 1994. Les difficultés ont été nombreuses pour juger d’événements datant de plus de 20 ans, qui se sont déroulés à plus de 6 000 kilomètres du tribunal parisien. L’avocat général, Bruno Sturlese, demande, ce jeudi, une « requalification » des poursuites. « Celui qui fait commettre n’est pas un complice mais bien un auteur » déclare-t-il.
La demande de requalification des poursuites correspond à la réalité juridique au propos recueillis pendant les débats selon avocat de la Fédération internationale des Droits de l’Homme (FIDH), Emmanuel Daoud. Pour la défense, il n’y avait « pas eu d’éléments supplémentaires pendant ce mois d’audiences », explique Alexandra Bourgeot. « Je suis effondré, je suis surpris, je suis abattu », a réagit Pascal Simbikangwa.
Dernière journée des débats
Pour cette dernière journée des débats, les parties civiles, à savoir la Ligue des droits de l’homme (LDH), la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), l’association Survie et le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), vont se succéder à la barre et expliquer leur engagement. Elles se veulent les représentantes des disparus au cours d’un procès qui n’a pas vu l’identification de victimes.
Les problèmes ont été nombreux au cours de ce mois d’audition des témoins. Les contradictions dans les témoignages se sont multipliées, faisant la joie tour à tour de la défense et de l’accusation. Les événement se sont ainsi déroulés il y a maintenant plus de 20 ans. Les témoins ont été entendus à plusieurs reprises, parfois comme accusé, par des juridictions différentes, notamment au Rwanda. Les procès-verbaux permettre la plupart du temps de statuer sur la crédibilité à accorder aux témoignages.
Les contradictions dans les témoignages se sont multipliées
« Je ne peux pas dire que ce que j’ai omis de dire n’était pas vrai » explique ainsi un ex-milicien au sujet d’une déposition antérieure, il précise à propos du récit qu’il vient de faire devant la cour, « mais ce que j’ai dit était la vérité ». « Honorable, aidez-moi et ne me tendez pas de piège » demande un autre témoin quand le président de la cour d’assise, Olivier Leurent, pointe une contradiction dans sa déposition. « Expliquez-lui que nous ne sommes pas là pour lui tendre des pièges mais pour essayer de comprendre pourquoi à un moment il a dit oui et à un autre moment il a dit non » explique alors Olivier Leurent, rapporte l’AFP.
La langue a aussi constitué un obstacle, des traducteurs se sont avérés nécessaire pour certaines auditions de rwandais. « En kinyarwanda, le mot fusil est invariable », explique un traducteur qui doit poser une question à un témoin sur la quantité d’armes qu’aurait caché Pascal Simbikangwa dans sa maison.
La précision des témoignages est pourtant cruciale pour le premier procès d’un génocidaire rwandais présumé jugé en France, Pascal Simbangwa, qui risque la prison à perpétuité.