Le Maroc reçoit de nombreuses aides et des prêts accordés par des pays étrangers, au titre de l’Aide publique de développement. Mais en réalité, où va cet argent ?
Le dernier don octroyé au Maroc par un pays étranger, le Qatar, date du 24 août, pour un montant de 1,15 milliard de dirhams. Officiellement, cet argent est versé au titre de l’Aide publique au développement (APD). C’est en tout cas ce qu’affirment les autorités marocaines. Mais il est rarement fait écho de leur utilisation et il n’existe que peu ou prou de transparence de leur impact.
L’économiste Najib Akesbi, contacté par Tel Quel, fustige la presse qui ne fait pas souvent la distinction entre les « prêts » et les « dons ». Le don n’engage pas les dépenses publiques, il est gratuit, contrairement au prêt qui oblige l’Etat a le rembourser. « Les prêts engagent les deniers publics et devraient être soumis à un large débat. On parle indistinctement de prêts où de dons, sans poser les bonnes questions sur l’usage de ces prêts et dons ou encore la conditionnalité qui les accompagnent », relève-t-il.
Le Maroc est un important bénéficiaire de l’APD. En 2012, ce pays a reçu 1,48 milliard de dollars, selon les chiffres de la Banque mondiale, ce qui classe le royaume au 20e rang des bénéficiaires à l’échelle mondiale.
La France, premier bailleur de fonds
L’Hexagone figure en pole position des bailleurs de fonds du Maroc. Rien qu’en 2011, la part de la France représentait 62% des aides bilatérales reçues par le Maroc. Durant cette année, le pays était, après la République démocratique du Congo et la Côte d’Ivoire, le troisième bénéficiaire de l’aide française en Afrique, rappelle Tel Quel. L’agence française de développement a octroyé, en 2013, 250 millions d’euros au Maroc sous forme de prêts. Du côté des Etats-Unis, l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) a versé 167 millions de dollars au Maroc, en 2012.
Selon l’économiste Najib Akesbi, l’Union européenne n’est pas très exigeante sur la manière dont le Maroc dispose des fonds qu’elle lui envoie, de sorte à maintenir d’excellentes relations avec le royaume.
Outre les pays occidentaux, le Maroc reçoit également des dons et des prêts en provenance des pays du Golfe. Près de 600 millions de dollars ont été accordés 2012 au Maroc sous forme de dons et prêts de la part de pays du Golfe.
Le Maroc endetté à « outrance »
Ce que le journal en ligne Tel Quel reproche au gouvernement marocain, c’est de multiplier les annonces concernant des dons et des prêts contractés auprès de divers Etats et institutions, et de ne plus communiquer après la perception de ces sommes. D’autant plus que le pays « s’est engouffré dans l’endettement à outrance, notamment auprès des organisations internationales », affirme Najib Akesbi.
Ce dernier regrette que le Maroc n’ait mené aucun audit pour évaluer l’impact des prêts contractés depuis plusieurs décennies notamment auprès de la Banque mondiale. « Pourtant, les intérêts de la dette publique représentent le tiers du déficit budgétaire du pays », rappelle-t-il.