11èmes Jeux Africains / Autour de Kintélé… Le Karaté fait la fierté des Congolais! Comme un symbole, c’est le karaté qui a donné sa première médaille d’or au pays hôte de la 11ème édition des Jeux Africains, le Congo Brazzaville.
Au terme de trois jours d’intense compétition, les karatékas congolais ont confirmé tout leur potentiel en remportant pas moins de sept médailles, dont deux en or et cinq de bronze. « Une jolie moisson », s’extasie André, dont le neveu fait partie de l’équipe nationale. « Une véritable razzia », corrige aussitôt Clémentine, sa fille, dont le visage est grimé aux couleurs du drapeau congolais. Tout au long du tournoi, père et fille ont été parmi les spectateurs les plus assidus. « Nous n’avons rien perdu du spectacle. C’était un moment historique. Nous voulions être aux premières loges pour n’en rien rater », s’exclame André sous le regard approbateur de Clémentine.
Mercredi 9 septembre, l’équipe masculine de kumité – une discipline du karaté –, a enrichi le nombre de médailles de bronze obtenues par le karaté congolais, portant son total à cinq après sa victoire sur le Cameroun. Sur les cinq combats que l’équipe du Congo a livrés ce jour-là, le bilan est flatteur : trois victoires, un nul et une défaite. Lors de la petite finale, les Diables rouges ont dominé le Botswana sur le score sans appel de trois à zéro.
Cette bonne performance collective de l’équipe masculine congolaise fait écho aux exploits individuels réalisés les jours précédents. Le lundi 7 septembre, en kumité individuel des moins de 60kg, le Congolais Innocent Okemba, en s’imposant face à l’Algérien Bouam Kiahbelkrim au terme d’une finale très disputée qui aura tenu en haleine les spectateurs, a permis au Congo de remporter la première médaille d’or de « ses » Jeux. « Je l’avais promis ; je l’ai réalisé », a déclaré, soulagé et satisfait, Innocent Okemba, peu après sa victoire. De son propre aveu, le (jeune) public qui l’a inlassablement soutenu tout au long du tournoi n’est pas pour rien dans ce résultat.
La voie étant désormais tracée, rebelote le lendemain. En ce mardi 8 septembre, c’est au tour du Diable rouge Dualde Kiminou Malonga, toujours en kumité, mais cette fois-ci dans la catégorie des plus de 84kg, de décrocher l’or en prenant le dessus sur l’Égyptien Alasfar Ahmed. Et de deux (médailles d’or) pour le karaté congolais ! Ce même jour, d’autres médailles d’une autre matière tomberont dans l’escarcelle congolaise : une médaille en kata en équipe hommes et trois autres remportées en individuel par Nina Youlou chez les dames, ainsi que par Davy Diego et Adonai Mayinguidi chez les hommes. Au final, cette journée de mardi aura été faste pour le karaté congolais qui, à cette occasion, a enrichi son palmarès de cinq récompenses supplémentaires.
Ces bons résultats sont certes réjouissants, mais ils sont tout sauf… inattendus. Pas plus, d’ailleurs, qu’ils ne sont dus au destin ou le fruit du hasard. Plusieurs raisons expliquent l’excellence congolaise dans cette discipline. Certaines sont anciennes, à l’instar de l’intérêt porté de longue date au karaté ; d’autres, plus récentes. Parmi celles-ci, la perspective de l’organisation des Jeux Africains figure en bonne place. Elle aura eu, à l’évidence, une influence certaine – d’autres diront décisive – sur les bons résultats de l’équipe « Congo ».
L’Académie club karaté de Brazzaville en fournit un parfait exemple. En prévision des Jeux Africains, celle-ci s’est dotée, fin mars, d’une salle d’entraînement dernier cri, répondant aux normes olympiques. « Les travaux », qui ont duré deux mois et se sont élevés à près de 32.200.000 FCFA, « en valaient la peine », selon un jeune pratiquant. Tant à court terme qu’à long terme. La réalisation d’un tel équipement a, en effet, également été motivée par la volonté de promouvoir le développement de la discipline auprès des jeunes, dans les écoles et dans les quartiers. Il s’agit de préparer la relève de l’élite congolaise de karaté.
Du coup, l’Académie club karaté de Brazzaville s’est donnée les moyens de son ambition. Construite dans l’enceinte de l’école primaire Pierre Ndzoko à Poto-Poto dans le troisième arrondissement de Brazzaville, l’« infrastructure sportive » construite pour l’occasion est dotée de l’ensemble des équipements nécessaires à de bons entraînements (tatamis, vélos de préparation physique, tapis roulants, appareils de musculation, ordinateur de contrôle de compétition, rétro-projecteur, etc.).
Mais à plus court terme, l’objectif naturellement restait les Jeux. « L’apport de l’Académie club karaté de Brazzaville aux Jeux Africains du mois de septembre à Kintélé consistera à présenter une équipe aguerrie aux métiers des arts martiaux. C’est pourquoi nous nous mettons dans les meilleurs dispositions pour préparer et former la jeunesse dans la discipline du karaté, sur laquelle le pays compte pour gagner des médailles à ce grand rendez-vous de septembre », avait indiqué, il y a quelques mois, Maître Éric Lambert Tabichi Tchiloemba, le Sensé des lieux. Pour le club, le pari a été amplement tenu. Une – bonne – partie de l’effectif de l’équipe nationale de karaté du Congo, qui a brillé à l’occasion des Jeux Africains, est en effet issue de ses rangs.
Preuve est ainsi faite que la qualité des infrastructures et des équipements fait partie des préalables absolus pour permettre aux sportifs de réaliser de futurs exploits. Il en va du karaté comme des autres disciplines. De ce point de vue, grâce au complexe sportif de Kintélé, qui est sans équivalent ou presque sur le continent, les athlètes congolais partiront désormais avec une longueur d’avance.