Cécile Kyenge Kashetu, Italienne d’origine congolaise, est la première femme noire nommée ministre en Italie. Tout un symbole. Edito.
Après Mario Balotelli, l’Italie tient sa nouvelle vedette noire. En l’occurrence, Cécile Kyenge Kashetu. Cette Italienne, d’origine congolaise, est nommée ministre de l’Intégration, samedi, dans le gouvernement d’union nationale d’Enrico Letta. Elle devient ainsi la première femme noire à accéder au rang de ministre. Tout un symbole.
Est-ce le phénomène Balotelli qui a fait évoluer les mentalités en Italie ? Toujours est-il que le pays de Berlusconi vient de propulser Cécile Kyenge Kashetu, âgée de 49 ans, au rang de ministre de l’Intégration.
Elle quitte à l’âge de 19 ans la République démocratique du Congo (RDC) pour rejoindre l’Italie, où elle fera toutes ses études supérieures. Elle passe un diplôme universitaire italien de médecine et chirurgie à l’université catholique du Sacré-Cœur, avant de se spécialiser en ophtalmologie, à l’université de Modène et de Reggio d’Emilie. Ce qui lui permet ensuite de devenir ophtalmologiste.
Ses 30 ans de vie en Italie viennent ainsi d’être récompensées. Trois décennies de dur labeur : Cécile Kyenge Kashetu n’est pas une parachutée. Loin s’en faut ! En 2004, elle est élue députée à Modène, sous l’étiquette des Démocrates de gauche (DS). Elle est élue, cinq ans plus tard, au conseil provincial de la province de Modène.
Cécile Kyenge Kashetu et Barack Obama, même combat ?
Même si en Italie, Cécile Kyenge Kashetu n’est pas aussi connue que Mario Balotelli, le personnage public noir le plus connu dans le pays, elle remporte les suffrages des Congolais sur la toile. Comme l’indique les médias locaux, on la compare même à Barack Obama.
« C’est un pas décisif pour changer concrètement l’Italie », a déclaré Cécile Kyenge Kashetu, à la suite de sa nomination samedi au poste de ministre de l’Intégration.
En République démocratique du Congo, c’est l’effervescence. « C’est cool. Une congolaise d’origine chez les Italiens. Même si Obama défend les intérêts des Américains mais les Kényans se réjouissent quand même comme nous Congolais devrions aussi faire. Moi je suis contente en tout cas. Au moins ces Blancs qui pensent que les Africains sont stupides changeront d’avis. Bonne chance à notre sœur », commente Nathalie Alphonsine sur Facebook, rapporte Lecongolais.cd.
Peut-elle révolutionner l’Italie ?
L’engouement suscité par sa nomination paraît, cependant, disproportionné. Cécile Kyenge Kashetu n’est tout juste que la première femme noire à devenir ministre, qui plus est ministre de l’Intégration (cliché ?). Elle ne disposera d’aucun portefeuille.
Ce qui n’a pas empêché la nouvelle ministre de l’Intégration, native de la RDC, de dévoiler son premier chantier. Elle envisage ainsi de remplacer le droit du sang par un droit du sol. « Un enfant, fils d’immigrés, qui est né ici et se forme ici, doit être un citoyen italien », a-t-elle mis en exergue durant sa campagne pour les élections législatives. Elle prévoit, par ailleurs, de lutter contre « le racisme institutionnel ». Pour ce faire, elle appelle de ses vœux l’abrogation du délit d’immigration clandestine et souhaite rendre le marché du travail italien plus accessible aux étrangers.
Inutile de dire que la nouvelle ministre ne révolutionnera pas l’Italie. Ce pays qui ferme totalement la porte aux clandestins africains. Sans parler des immigrés africains régulièrement victimes de discrimination et racisme. Ce n’est pas parce que les maillots de Mario Balotelli s’arrachent comme des petits pains, que l’Italie a changé. Ce n’est pas parce que Barack Obama est devenu président des Etats-Unis, que l’Amérique a changé. La première femme noire ministre en Italie le comprendra à ses dépens.
Très vite, la question de sa légitimité se posera : sera-t-elle exclue du gouvernement d’Enrico Letta ?