Au Gabon, alors que l’élection présidentielle se profile à l’horizon, un thème s’impose peu à peu comme central dans le débat public : celui de l’égalité des chances. Mais il n’est plus seulement l’apanage de la classe politique. Le mouvement associatif, lui aussi, s’en est emparé. Avec un certain succès.
Le 5 janvier 2016, à la salle des banquets du Palais Rénovation de Libreville, le chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba, invitait les acteurs publics et corps constitués à œuvrer pour une société fondée sur l’égalité des chances. Depuis lors, l’égalité des chances s’est imposée de fait comme un thème central dans le débat public. A fortiori, à la veille d’une élection présidentielle dont l’unique tour est programmé le 28 août prochain.
Ce jour-là, Ali Bongo rappelait les acteurs publics à leur devoir : œuvrer pour une société non plus fondée sur les privilèges mais sur l’égalité des chances. Emplois pour les jeunes, féminisation des filières, transition vers une économie de rente à une économie de production, etc. Le Président Bongo estimait alors « absolument nécessaire d’améliorer la gouvernance des services publics qui doivent, plus que jamais, être au service des usagers », jugeant « inadmissible qu’une administration reste indifférente aux problèmes de (ses) compatriotes. Ces fonctionnaires n’ont pas leur place parmi vous », avait-il déclaré, avant de rappeler le Gouvernement à ses obligations en termes de construction de logement sociaux et autres prestations destinées aux ménages les plus modestes, dans un contexte durci par la baisse du prix du baril de pétrole.
Quelques semaines plus tard, le lundi 23 février 2016, le Président Gabonais enfonçait le clou en prononçant un discours dédié à l’égalité des chances. « Je nourris une grande ambition pour mon pays. L’ambition que chaque Gabonais ait la même opportunité d’exprimer son talent, de subvenir à ses besoins, sans considération de sa naissance, de ses relations, de sa richesse. Chaque Gabonais doit être jugé sur son savoir-faire, sa volonté et son mérite. L’égalité des chances : c’est l’ambition que je nourris pour mon pays ». Et Ali Bongo Ondimba de décliner la thématique de manière concrète et tangible dans les domaines de l’éducation, l’emploi, la santé, les infrastructures, etc.
« J’ai conscience qu’il en faut encore beaucoup plus pour concrétiser l’égalité des chances au Gabon », avait-il également reconnu tout en promettant de « mettre fin à des privilèges indus ». Un discours qui manifestement a été entendu puisqu’il est relayé aujourd’hui, certes, par nombre de personnalités politiques, mais également par de nombreuses associations qui entendent agir sur le terrain, à la mesure de leurs moyens, pour donner corps à ce concept d’égalité des chances, manifestement nécessaire à la société gabonaise.
Dans la foulée des discours du chef de l’Etat, de multiples initiatives ont fleuri. Parmi cette foultitude, l’une d’entre elles s’est fait remarquer par le fait qu’elle s’appuie au premier chef sur la jeunesse. Il s’agit de l’Association des Jeunes Emergents Volontaires (AJEV), présidée par Brice Laccruche Alihanga, dont l’une des initiatives consiste à doter de 3 millions de francs CFA les jeunes Gabonais porteurs d’un projet d’action citoyenne ou d’une initiative créatrice d’emplois et de revenus. L’objectif affiché est d’avoir une efficacité concrète et immédiate, sur le terrain, complémentaire à l’action de l’Etat qui demeure indispensable.
Le volontarisme politique est nécessaire pour donner toute son ampleur au concept d’égalité des chances. Mais le relais des associations sera indispensable pour le populariser et le concrétiser au sein de la société civile gabonaise.