Salade mechouia qui fleure bon l’Algérie ou curry de boeuf de l’île Maurice, les collégiens de Savigny-le-Temple – en région parisienne – ont baladé leurs papilles aux quatre coins de l’Afrique, la semaine dernière. Un voyage culinaire réalisé dans le cadre de la Semaine du Goût, qui se tient chaque année en France, et dont le but est de faire découvrir de nouvelles saveurs…mais pas seulement. Car l’idée du collège Louis-Armand est aussi de rendre hommage à une culture – africaine – dont est issue la majorité des élèves.
Par Julia Gaulon
« Afrique subsaharienne, Maghreb…nos élèves sont originaires de toute l’Afrique, explique Frédéric Gay, principal du collège Louis-Armand, en Seine-et-Marne, cette immigration est d’ailleurs l’une des caractéristiques de l’établissement. » Difficile, dans ces conditions, d’oublier toute les saveurs du continent noir lors de la Semaine du Goût.
La chose n’était pourtant pas gagnée d’avance. « Légumes anciens », « plats du Moyen-Age » …bien qu’intéressantes, les éditions précédentes de la Semaine du Goût se soldaient souvent par un échec, à Louis-Armand. « Je pense qu’on était complètement éloignés de la culture des jeunes », remarque Alexandra Molliard, assistante-gestionnaire du collège, qui en a beaucoup discuté avec les élèves.
L’idée d’une semaine « à l’africaine » s’est donc mise en place. « Il s’agissait à la fois de parler aux élèves de leur propre culture, tout en leur faisant découvrir autre chose sur leur continent », raconte Alexandra Molliard. D’où l’idée d’un tour d’horizon de toute l’Afrique avec entre autres au menu, un agneau au miel à la marocaine, le lundi, un poulet braisé façon ivoirienne le mardi, un dessert aux fruits de la passion, comme au Zimbabwe, le jeudi, et de la salade de tomates « saladi », qui se déguste au Kenya, le vendredi.
« Ils n’hésitaient pas à en prendre trois-quatre assiettes »
« Pour la composition des menus, j’avoue que je me suis arrangée avec un cuisinier qui travaille pour un restaurant africain à Paris. Il m’a donnée quelques recettes sous le manteau », sourit l’intendante de Louis-Armand. Les cuisiniers du collège, notamment ceux d’origine maghrébine, ont également été d’une grande aide pour la confection de certains plats, comme la salade aux poivrons, la mechouia, typique d’Afrique du Nord.
Pour l’heure, aucun « bilan » de cette initiative culinaire, plutôt sympathique, n’a encore été dressé mais les élèves semblent avoir apprécié. « Certains n’hésitaient pas à prendre trois-quatre assiettes sur leur plateau », raconte Lila, agent d’accueil d’origine algérienne, qui a elle aussi profité de ces repas et découvert, à cette occasion, les frites d’igname – sorte de patate douce consommée dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne – qu’elle ne connaissait pas. « Et même les jeunes qui ne sont pas spécialement d’origine africaine ont eu l’air d’aimer », affirme-t-elle.
Une initiative qui a, en tout cas, donné lieu à des échanges intéressants, selon Alexandra Molliard. Le principal, Frédéric Gay, regrette lui de ne pas avoir été plus loin. « Nous avions initialement prévu des débats, des exposés, par exemple avec le CDI (le Centre de Documentation et d’Information, la bibliothèque du collège, ndrl) mais nous n’avons pas eu le temps. » Ce qui n’a pas toutefois pas empêché les idées de fuser. « Et pourquoi pas le refaire, mais de façon plus régulière, en instaurant une journée plus spécifique dans la semaine ? » La perspective pourrait en séduire beaucoup. Lila, elle, est déjà conquise.