La Direction Générale de la Sûreté Nationale marocaine a officiellement créé un Groupe Urbain de Sécurité, le 17 octobre dernier. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une opération de réforme générale dont le principe est « La Police, proche de vous pour votre sécurité ». Les autorités marocaines souhaitaient également remédier au déficit dont souffre la police nationale dans le domaine de l’intervention rapide.
Des rues plus sûres. La Direction Générale de la Sûreté Nationale marocaine (DGSN) a officiellement créé, le 17 octobre, un Groupe Urbain de Sécurité (GUS). Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une réforme générale dont le principe est « La Police, proche de vous pour votre sécurité ». Cette réforme s’articule autour de trois axes majeurs : la citoyenneté (renforcer le lien de confiance mutuelle entre la police et le citoyen), la proximité (une meilleure disponibilité) et l’efficacité (une police plus attractive). Le gouvernement marocain vise principalement à réduire le déficit dont souffre la police nationale dans le domaine de l’intervention rapide. La DGSN s’est également dotée de Postes de Police de Proximité (PPP).
Selon le préfet de police de Tanger, chef de la sûreté régionale, Younès Jamali, le GUS compte actuellement 200 éléments dont un commissaire responsable du groupe, des officiers, des sous-officiers et des agents. Ses membres ont reçu une formation appropriée, à l’Institut royal de police, à Kénitra, dans le nord du pays. Le maintien de l’ordre, la lutte contre la criminalité sous toutes ses formes, une assistance humanitaire des citoyens, la vérification d’identité, l’interpellation des personnes suspectes, la circulation routière, font partie de leurs attributions. Les policiers de cette unité spécifique disposent de motos avec postes radios fixes et mobiles, de fourgonnettes, de jeeps prados, de fourgons et de véhicules légers. Ils possèdent également un armement individuel et collectif.
Scènes de racket
Les réactions que suscitent le GUS sont mitigées. Certains Marocains l’ont accueilli avec soulagement et satisfaction. Ils le considèrent comme un changement encourageant. “A mon avis, notre pays a retrouvé sa sécurité et son calme depuis que ce GUS est apparu. Il a donné un sens aux belles promenades que chaque citoyen peut faire en toute tranquillité sans craindre d’être attaqué ou maltraité. C’est un bon début pour un futur sain et plein de sécurité”, écrit Asmae Guennoun, sur un forum du journal marocain L’Economiste. En outre, l’implantation du GUS dans tous les quartiers, à commencer par les plus populaires, est très attendue.
En revanche, d’autres voient l’unité comme une mascarade. Certaine personnes affirment avoir assisté à des scènes de racket orchestrées par les nouveaux policiers. “Si les GUS ont donné l’impression, les premiers mois, d’être présents dans les principaux boulevards de la ville, il n’en demeure qu’un nouveau visage désolant est apparu après. Nos fameux GUS sont devenus un cauchemar pour les ‘motocycleurs’ car chaque fois qu’ils sont fatigués de tourner en rond, ils décident de faire une pause en interceptant tous les ‘motocycleurs’ sans casque pour leur soutirer un billet de 20 dirhams minimum sinon plus. Autres clients favoris de ces GUS c’est les revendeurs d’alcool dans les vieux quartiers, à chaque passage, ils prennent leur part du gâteau et c’est vraiment désolant. Il faut espérer ne pas tomber entre leurs mains et si jamais ça arrive il faudrait avoir un billet de 20 dirhams sur soi », déclare un autre participant du forum de L’Economiste. D’autres, encore, estiment que la présence des agents du GUS est concentrée dans les quartiers modernes, ne nécessitant pas une surveillance accrue, au détriment de quartiers marginalisés, véritables fiefs de la criminalité. Younès Jamali, le préfet de police de Tanger, y répond que l’ensemble des quartiers doivent bénéficier de la même protection. De plus selon lui, les zones de concentration de richesse sont plus vulnérables que d’autres dans la mesure où les criminels en font leur cible prioritaire. Il ajoute que l’itinéraire des équipes du GUS est défini par un programme pré-établi par la préfecture de police, en fonction des plaintes enregistrées qui reflètent le degré de criminalité d’un quartier.
La DGSN prévoit la création de 33 GUS et de 1000 PPP répartis dans les grandes villes du Maroc d’ici 2007. Selon des estimations établies par des études récentes, il faudra recruter plus de 10 000 nouveaux agents.
Par Nadège Ouinsou