Habib Bourguiba, ancien chef d’Etat et « combattant suprême » pour beaucoup de Tunisiens, est décédé à Monastir le 6 avril 2000.
« Si Habib » est né en 1901 à Monastir, à 160 kms au sud de Tunis, dans une famille de condition modeste. Après avoir obtenu son baccalauréat à Tunis en 1924, il décroche une licence de droit et un diplôme supérieur de sciences politiques à Paris. De retour en Tunisie, il milite pour la libération de son pays en écrivant dans des journaux nationalistes, puis en entrant en 1929 dans l’instance exécutive du parti du « Destour », qu’il transforme en 1930 et baptise parti du « Néo-Destour ». Il en devient le chef et mobilise les Tunisiens en prévision de » la bataille inéluctable pour la libération de la patrie « . Son militantisme lui vaut de nombreux internements et exils, mais en 1956 il devient, à 55 ans, le premier chef de gouvernement de la Tunisie indépendante.
L’africanité de la Tunisie
Le 25 juillet 1957, il proclame la République dont il devient, naturellement, le premier président. De grandes actions vont marquer sa politique : la promulgation d’un nouveau code du statut personnel interdit la polygamie et la répudiation, et donne à la femme le droit de vote et celui de demander le divorce. Il généralise l’enseignement avec la création d’écoles dans les coins les plus reculés du pays. Co-fondateur de l’OUA en 1963, il lance l’idée de la francophonie avec l’ex-président Senghor. Tout en luttant pour la croissance, la promotion sociale et l’émancipation de son peuple, il insistera aussi sur l’africanité de la Tunisie et sa place dans le Maghreb. Affaibli physiquement dès 1967, il sera destitué en 1987 par Ben Ali qui lui succédera formellement en 1989.
Malgré ses défauts et le caractère monarchique de son exercice solitaire du pouvoir, il restera pour les Tunisiens l’homme de l’indépendance et le fondateur de la modernité tunisienne.